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Archives de l'année 2014

Où l’innocente manie de la bibliophilie maçonnique révèle l’existence d’une bibliothèque secrète réunie jadis par un adepte oublié

Dorures au fer aux armes des "90e" du Rite de Misraïm

Dorure au fer aux armes des « 90e » du Rite de Misraïm

Nous voudrions ici faire état de la découverte de quelques indices révélant l’existence d’une bibliothèque ésotérique jusque-là inconnue. Précisons que ce fonds, rassemblé par un adepte aujourd’hui oublié, le fut à une époque peu portée sur l’ésotérisme, en particulier au sein des Loges. Cela ajoute à l’intérêt de l’affaire. Relatons les circonstances de cette découverte singulière.

Le hasard nous fit acquérir, en 1989, auprès de la librairie Traineau à Versailles, une édition originale de l’ouvrage de Ragon, L’Orthodoxie maçonnique et la Maçonnerie occulte. Cette compilation plus ou moins fiable sur l’histoire des rites, éditée chez Dentu en 1853, fait partie des classiques de la littérature des Loges au XIXe siècle. Elle n’est d’ailleurs que l’un des très nombreux titres publiés par ce Maçon zélé, polygraphe et paradoxal que fut Jean-Marie Ragon. Sans être luxueux, cet exemplaire bénéficie cependant d’une reliure soignée. Le dos en demi-chagrin rouge est orné de quelques dorures au fer assez curieuses. On découvre sur la page de garde la dédicace suivante : « Témoignage d’amitié au T:.Ill:. et P:. F:. Ragaigne 90e:. d. [signé] Fisch:. ». L’ouvrage aurait donc appartenu à un haut dignitaire du Rite de Misraïm. En effet, dans le contexte maçonnique, l’abréviation 90e:. d. signifie 90e degré et renvoie au grade terminal du Rite de Misraïm. En marge du Grand Orient et du Suprême Conseil, ce Rite dit « Égyptien » propose une échelle imposante de 90 grades qui a toujours attiré les Frères adeptes d’une Maçonnerie ésotérique…

Après une longue enquête – de près de quinze ans – nous en savons maintenant un peu plus sur le Frère Jacques Ragaigne. Dignitaire de Misraïm, à la suite d’un contentieux avec les Bedarrides, il constitue la loge L’Orientale au sein du Grand Orient de France, y installant ainsi le Rite Misraïm à côté de celui de Memphis. Il est un fervent partisan du GADLU et stigmatise les Frères rationalistes qui commencent à le contester. Esotériste, il est l’auteur de manuscrits sur la Kabbale et l’Alchimie illustrés de dessins saisissants. Artisan du Faubourg, républicain convaincu, il est le seul dignitaire du Grand Orient qui s’engage jusqu’au bout dans la Commune de Paris.

Retrouvez l’intégralité de cette véritable enquête policière dans le passé – relatée dans tous ses détails ! – dans le chapitre 12 de :

Curiosités Maçonniques : Énigmes, intrigues et secrets dans les archives des Logespréface de Jean-Pierre Lassalle, Éditions Jean-Cyrille Godefroy, Paris, 192 p., 20 € http://www.detrad.com/contents/fr/p4393_Curiosit_s_ma_onniques_-_Pierre_Mollier.html

Jules Perahim : Surréalisme et occultisme au MAMCS

PerahimAprès la magnifique exposition sur L’Europe des esprits en 2011, le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg (MAMCS) nous propose, jusqu’au 8 mars 2015, une manifestation importante sur Jules Perahim (1914-2008), un grand nom – un peu oublié – du Surréalisme. Perahim appartient à cet étonnant groupe du Surréalisme roumain qui rassemble, dans le Bucarest des années 30, de très jeunes étudiants, poètes et peintres, qui se lancent dans l’avant-garde artistique. Il est aussi le plus jeune d’entre eux et – véritable Rimbaud – peint, entre 16 et 18 ans, des toiles inspirées comme cet envoutant « Un peuplier traverse la mer » – en 1932, il a 16 ans – qui est l’œuvre d’un véritable voyant. Comme son ami Victor Brauner et beaucoup de surréalistes roumains, Perahim est très intéressé par l’occultisme et conçoit son rôle d’artiste comme celui d’un medium qui doit faire voir d’autres mondes qui existent en parallèle au nôtre. Mais, à la différence de Brauner par exemple, il apporte un soin méticuleux au dessin et aux techniques, on pourrait presque voir dans son œuvre un « hyperréalisme surréalisme », cela donne une grande force à ses visions. Si le travail de Perahim est marqué du sceau de l’étrange, sa vie elle-même est extraordinaire. Ces jeunes gens anticonformistes et turbulents sont d’abord poursuivis par les régimes conservateur puis fasciste de la Roumanie des années 1930. Ils rallient bien sûr les mouvements révolutionnaires et communistes. Mais sont vite en but à l’hostilité de l’orthodoxie stalinienne dans la Roumanie « libérée » de l’après-guerre. Après deux décennies de brimades, il a du renoncer à peindre, Perahim arrive finalement à rejoindre Paris en 1969. Un des grands apports de l’exposition est de présenter cette dernière période parisienne où l’artiste est influencé par les nombreux voyages qu’il fait en Afrique. Cette expérience projette une lumière chaude sur des paysages imaginaires qui jusque-là baignaient plutôt dans une brume froide. Le MAMCS abrite déjà un remarquable fonds Brauner, espérons que cette belle exposition y annonce l’arrivée d’un fonds Perahim. Le plus oriental de nos Musées d’Art Moderne pourrait ainsi proposer au public une fenêtre sur ce mouvement artistique important que fût le surréalisme roumain… ou franco roumain car les tumultes de l’histoire conduisirent beaucoup de ces artistes en France. Alors, si vous voulez voir du vrai merveilleux, quittez les allées encombrées du marché de Noël et conduisez vos pas vers le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg. Perahim, La parade sauvage, Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg, jusqu’au 8 mars 2015

Arthur Machen : littérature gothique, Occultisme… et frissons !

Machen019A l’heure où la British Library propose une belle exposition sur la littérature « gothique », de ce côté de la Manche, les éditions Téletès ont eu l’excellente idée de publier un petit livre de Jean-Claude Allamanche sur Arthur Machen. Arthur Machen (1868-1947) est l’un des pionniers – et des maîtres – du roman fantastique anglais. Son œuvre majeure et la plus connue est « Le grand dieu Pan ». Ce roman à suspense et frissons, mais tout en understatements , a de plus bénéficié d’une traduction française du poète Paul-Jean Toulet (1867-1920), l’homme des Contrerimes. On ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec Edgar Poe et Baudelaire. Machen était d’ailleurs francophone et francophile. A l’époque où il écrit « Le grand dieu Pan », il traduit aussi le journal de Casanova en anglais et on a la surprise de découvrir dans le roman une formule sur le secret directement décalquée de ce que dit Casanova de la franc-maçonnerie. Mais le vrai lien de Machen avec la franc-maçonnerie c’est son amitié avec le célèbre Maçon et érudit maçonnique anglais Arthur Waite (1857-1942), amitié qui le conduira un temps à s’engager dans la Golden Dawn. Il est en effet initié le 21 novembre 1899 dans cette étonnante société para-maçonnique ésotérique sous le nomen de Filius Aquarri. Rappelons que la « GD » comptait à l’époque des artistes de premier plan comme le poète et futur prix Nobel W.B. Yeats ou l’actrice Florence Farr. Les travaux de la Golden Dawn rejoignaient les intérêts de Machen qui s’était toujours passionné pour l’Occultisme. L’étude Jean-Claude Allamanche est l’œuvre d’un lecteur fervent qui a réuni pendant des années les meilleures sources anglaises. Il nous propose aussi une bibliographie des œuvres de Machen traduites en français. C’est fort utile car, même lorsque l’on lit plus ou moins l’anglais, le style gothique de l’auteur reste assez ardu pour qui ne maîtrise pas parfaitement la langue de Shakespeare. Enfin, la publication propose une très intéressante iconographie, notamment par la reprise des bois – gothiques eux aussi !– qui émaillaient les éditions originales du début du XXe siècle. On appréciera l’inquiétante et magnifique couverture due aux pinceaux inspirés – mais par qui ? – de Jean-Michel Nicollet…

Jean-Claude Allamanche, Arthur Machen entre le Saint-Graal et le dieu Pan, Editions Télètes, 90 p., 16 € (disponible chez Detrad)

Adrien Dax : un surréaliste ausculte la vie secrète de la matière

Dax_modifié-1A quelques pas du Musée Picasso, les galeries Convergences et Intuiti ont eu l’excellente idée de s’associer pour présenter – enfin – une exposition conséquente sur Adrien Dax (1913-1979). Figure importante du surréalisme d’après guerre, très lié à André Breton, sa fidélité à l’esprit collectif du groupe surréaliste l’a conduit à négliger de son vivant les expositions personnelles… ce qui n’a bien sûr pas contribué à sa notoriété. Pourtant, quelle œuvre ! Dax se veut avant tout surréaliste. Il lui arrive même de refuser le qualificatif d’artiste. Son travail est d’abord l’application permanente de l’« automatisme » surréaliste, cette méthode qui veut court-circuiter toute intentionnalité pour laisser l’inconscient guider la main et marquer directement de son empreinte la toile ou le papier. Pour cela Dax expérimentera sans cesse toutes sortes de procédés. Mais quelque soit la théorie qui a sous-tendu le geste, il reste le magnétisme envoutant de ses œuvres. Peintures qui saisissent les vibrations de la matière, dessins qui matérialisent de denses et mystérieux réseaux, images de créatures arachnides surgies des profondeurs du rêve.

Pour l’occasion Raphael Neuville nous propose un petit catalogue très réussi… On attend avec d’autant plus d’impatience l’achèvement et la publication de sa thèse sur Adrien Dax.

Du 14 novembre au 27 décembre 2014

Galerie Convergences : 21, rue des Coutures Saint-Gervais – 75003 Paris

Galerie Intuiti : 16, rue des Coutures Saint-Gervais – 75003 Paris

Annexe:

le post publié il y a 4 ans sur le site de Renaissance Traditionnelle

Un bel article sur Adrien Dax, l’auteur du Phénix de RT

On nous demande souvent l’origine du Phénix qui sert d’emblème à Renaissance Traditionnelle et orne la couverture de la revue depuis 1970. Son allure générale rappelle l’iconographie hermétique de la Renaissance mais, quand on l’observe attentivement, on y distingue un trait beaucoup plus moderne. Il est en effet l’œuvre du peintre surréaliste Adrien Dax. Ami de Jean-Pierre Crystal, le premier rédacteur en chef de Renaissance Traditionnelle, il avait accepté de dessiner cet oiseau mythique qui symbolisait le projet de la nouvelle revue. Dax n’était pas maçon. Mais comme beaucoup de surréalistes, aux premiers rangs desquels André Breton, il s’intéressait à l’hermétisme voire à l’occultisme. On lui doit ainsi un essai A propos du Talisman de Charles Fourier (La Brèche, 1963, n°4). Après les décennies de silence qui suivirent sa disparition en 1979, plusieurs publications récentes font revivre son œuvre. Fin 2010, les Éditions Rue des cascades ont eu l’excellente initiative de proposer un recueil de ses textes dans les revues surréalistes sous le titre Écrits. A l’occasion de l’entrée de plusieurs de ses œuvres au Musée des Abattoirs (le musée d’art moderne de Toulouse), Raphaël Neuville publie dans la livraison « été 2011 » de Midi Pyrénées Patrimoine un bel article sur Dax et son œuvre. Outre une introduction sur cette figure attachante de l’art du XXe siècle, l’article permet de découvrir six superbes œuvres qui peuvent apparaître comme des tentatives pour révéler certains aspects cachés de la matière.

Du très auguste et très aimable Ordre du – bon !– Moment

Ordre-du-Moment-LegAu XVIIIe siècle, la franc-maçonnerie a inspiré de nombreuses sociétés – certaines sérieuses, d’autres moins ! – qui ont en partie repris sa forme d’organisation, ses rituels, ses titres… en leur apportant néanmoins quelques modifications en fonction de leur objet… particulier. Dans une volumineuse étude, Arthur Dinaux a proposé un impressionnant inventaire de près de 500 « sociétés badines, bachiques, littéraires et chantantes » (Les Sociétés badines bachiques, littéraires et chantantes : leur histoire et leurs travaux, ouvrage posthume revu et classé par Gustave Brunet, Paris, Bachelin-Deflorenne, 1867, 2 vol.). Un certain nombre comme l’Ordre de la Cognée, des Mopses, ou de la Félicité sont d’ailleurs bien connus des historiens de la franc-maçonnerie avec laquelle ces ordres entretenaient des relations étroites. Mais on peut encore en découvrir. Nous avons ainsi eu le bonheur de mettre la main sur un curieux petit recueil consacré à un « Ordre du Moment », ignoré de Dinaux.

L’Ordre du Moment n’est plus aujourd’hui connu que par une très rare plaquette probablement publiée un peu avant 1770. Non seulement Dinaux, en dépit de ses années de recherche, ne l’avait pas découverte, mais, aujourd’hui, le catalogue de la Bibliothèque nationale de France l’ignore. Ce petit volume présente une description de la médaille de l’Ordre, ses statuts, son rituel (instruction, réception, ordre des cérémonies, serment), une liste des 39 Chevalières et Chevaliers reçus dans l’Ordre… et des chansons. L’ouvrage est élégamment imprimé avec une encre couleur de miel (d’acacia ?). Sur notre exemplaire, la liste des membres a été complétée à la main jusqu’en 1776.

Conformément à la tradition, l’instruction résume l’objet principal de l’initiation :

  1. : A quoi reconnaît-on un vrai Chevalier ou une vraie Chevalière ?
  2. : A leur vivacité pour le plaisir […].
  3. : Qu’est-ce que le moment ?
  4. : Tout ou rien selon l’usage qu’on en fait faire.
  5. : Comment vient-il ?
  6. : Le caprice le décide, le plaisir lui donne l’existence.
  7. : Qu’est-ce qu’une assemblée complète ?
  8. : Le nombre n’y fait rien, il faut juste qu’il s’y trouve autant de Chevalières que de Chevaliers […].
  9. : Que signifie la lumière que l’on éteint à la réception ?
  10. : Elle avertit le Récipiendaire que lorsque le moment est venu, tout est dit.

Lors de la réception, on tourmente la candidate, ou le candidat, en lui posant très directement la question : « Vous êtes vous déjà opposé aux plaisirs des autres ? Les avez-vous troublés ? ». Et, le ou la récipiendaire promettant de ne plus jamais agir de la sorte, la cérémonie continue. L’enseignement de l’Ordre, hautement initiatique, tient en une devise : « N’ayez jamais à vous reprocher de ne pas avoir saisi Le Moment ». Tout un programme… hautement initiatique !

Retrouvez l’intégralité de cette histoire curieuse – relatée dans tous ses détails ! – dans le chapitre 4 de :

Curiosités Maçonniques : Énigmes, intrigues et secrets dans les archives des Loges, préface de Jean-Pierre Lassalle, Éditions Jean-Cyrille Godefroy, Paris, 192 p., 20 €

http://www.detrad.com/contents/fr/p4393_Curiosit_s_ma_onniques_-_Pierre_Mollier.html

Le « crime le plus atroce » : l’affaire Pincemaille ou les secrets des hauts grades imprimés et vendus aux profanes

Couverture des rituels publiés par le Frère Pincemaille en 1764

Couverture des rituels publiés par le Frère Pincemaille en 1764

Le 1er février 1764, les dignitaires de la Première Grande Loge de France recevaient une demande de patente de Frères de Metz afin de constituer dans cet Orient une nouvelle Loge : « sous le titre distinctif de La Candeur, nous nous engageons à cet effet à suivre les loys et usages établis par le Très Respectable Grande Loge ; ou qu’il lui plaira d’établir par la suite. Nous désirons aussi que la Très respectable Grande Loge nomme à la place de Vénérable le f. Erasme Pincemaille. » Le cadre, la Loge La Candeur de Metz, et le héros, le Frère Pincemaille, étant en place, il ne s’en faudrait que de quelques jours pour que se noue une tragi-comédie qui allait agiter les milieux maçonniques, non seulement en Lorraine, mais jusqu’au cercle dirigeant de la Grande Loge à Paris. En effet, pour la première fois semble-t-il, un Maçon, qui plus est Vénérable d’un Atelier, avait fait imprimer les rituels secrets des Loges.

Cette histoire curieuse – relatée dans tous ses détails ! – constitue le chapitre 3 de :

Curiosités Maçonniques : Énigmes, intrigues et secrets dans les archives des Loges, préface de Jean-Pierre Lassalle, Éditions Jean-Cyrille Godefroy, Paris, 192 p., 20 €

Venez en découvrir la suite lors de la rencontre organisée par la librairie Detrad (18, rue Cadet – 75009 Paris) le jeudi 2 octobre de 17 à 20h.

http://www.detrad.com/contents/fr/p4393_Curiosit_s_ma_onniques_-_Pierre_Mollier.html

 

Quand un antimaçon devient un excellent Frère

Le 18 janvier 1806, Louis Dubois, le premier préfet de Police de Paris – encore une institution éminente et utile créée par Napoléon le Grand – recevait la lettre suivante :

Monsieur le Conseiller d’Etat, […]

Le signataire de ces lignes était un de ces hommes comme en produisent les époques hors du commun. Bâtard de Louis XV, Charles-Louis Cadet de Gassicourt (1769-1821) fut successivement avocat, auteur dramatique, révolutionnaire, pharmacien, un des fondateurs de l’hygiène publique et probablement bien d’autres choses encore. Au moment où il écrit cette lettre il est « Pharmacien de Sa Majesté l’Empereur ».

Armoiries "parlantes" (ou plutôt "Bizzzantes") du Chapitre L'Abeille Impériale au coeur de l'intrigue

Armoiries « parlantes » (ou plutôt « Bizzzantes ») du Chapitre L’Abeille Impériale au coeur de l’intrigue

Auteur d’un des premiers pamphlets antimaçonnique en 1797, une violente charge contre l’Ordre intitulé Le Tombeau de Jacques de Molay… on le retrouve quelques années plus tard Maçon actif et Vénérable de sa Loge… C’était le début d’une – curieuse ! – histoire qui allait agiter le Paris maçonnique et politique des débuts de l’Empire. Cette singulière mésaventure – relatée dans tous ses détails ! – constitue le chapitre 9 de :

Curiosités Maçonniques : Énigmes, intrigues et secrets dans les archives des Loges, préface de Jean-Pierre Lassalle, Éditions Jean-Cyrille Godefroy, Paris, 192 p., 20 €

Venez en découvrir la suite lors de la rencontre autour du livre organisée le jeudi 2 octobre chez Detrad (18, rue Cadet – 75009 Paris) de 17h à 20h… http://www.detrad.com/contents/fr/p4393_Curiosit_s_ma_onniques_-_Pierre_Mollier.html

Aujourd’hui en librairie… « Curiosités maçonniques » !

Couv-CM-LegMême les institutions les mieux établies cachent toujours quelques Curiosités. Derrière le pittoresque de ces anecdotes, nos Curiosités Maçonniques dévoilent souvent des aspects de la franc-maçonnerie laissés dans l’ombre par une approche plus classique. Le sourire est la ponctuation d’instants de lucidité !

Depuis Borgès et Umberto Eco, on sait que les bibliothèques, loin d’être synonymes de recherches arides et d’ennui, recèlent aussi leur part de mystères. Enquêter sur la chaîne des propriétaires d’un manuscrit rare, décoder un ex-libris énigmatique, découvrir une référence inattendue… C’est à ces aventures que nos histoires convient le lecteur.

Ces enquêtes dans les archives des loges sont aussi des nouvelles romanesques et des contes édifiants pleins d’enseignements pour qui cherche à mieux comprendre « le secret » de la franc-maçonnerie.

I. Une « épigraphe » maçonnique à Marseille au XVIIIe siècle ?

II. Harpocrate en Occitanie : une planche de la Loge écossaise de Toulouse en 1744

III. Le « crime le plus atroce », l’affaire Pincemaille ou les secrets des hauts grades imprimés et vendus aux profanes

IV. Statuts & règlements du Très Auguste et Très Aimable Ordre du – bon ! – Moment

V. Les Philalèthes : la bibliothèque est un Temple…

VI. Collection et initiation : les 120 rituels du Frère Gaborria

VII. Notes fugaces arrachées au passé sur le cas regrettable mais avéré d’un gradomane

VIII. Des livres et des Rites… une quête maçonnique – et bibliophilique – sous l’Empire : la correspondance Thory-Geille sur les débuts du Rite Écossais Ancien Accepté

IX. Quand un antimaçon devient un excellent Frère : le chemin de Damas maçonnique de Charles-Louis Cadet de Gassicourt

X. De la Maçonnerie symbolique à la République universelle : une dénonciation de la franc-maçonnerie au ministre de l’Intérieur (1822)

XI. « Une secte voluptueuse et religieuse » : Fourier, les fouriéristes et la franc-maçonnerie

XII. Où l’innocente manie de la bibliophilie maçonnique révèle l’existence d’une bibliothèque secrète réunie jadis par un adepte oublié

XIII. De l’héraldique maçonnique

XIV. Le blason hermétique du Rit Écossais Philosophique

XV. Jetons et médailles : la numismatique maçonnique

XVI. Une « Légion d’honneur » maçonnique, l’ordre des Chevaliers défenseurs de la Maçonnerie et un illustre récipiendaire

XVII. Les ex-libris maçonniques : « blasons de l’esprit » et marques des Frères

Curiosités Maçonniques. Énigmes, intrigues et secrets dans les archives des Loges, préface de Jean-Pierre Lassalle, Éditions Jean-Cyrille Godefroy, 2014, 192 p., 20 Euros

http://www.editionsjcgodefroy.fr/collection.php?id=11&id_ouvrage=136

Une rentrée à suspens pour les hauts grades du REAA en France : analyse.

Aigle-SCPLFLa rentrée est souvent la période des annonces importantes. Le 29 août, le Grand Maître de la GLNF a adressé aux Frères de son obédience un courrier leur signifiant que dorénavant il n’était plus possible aux membres de la GLNF d’appartenir au Suprême Conseil pour la France. Lettre qui a dans la foulée été transformée en « Communiqué » et ainsi rendue publique. Comme le souligne d’emblée les blogs La Maçonne et Gadlu-info qui ont été les premiers à faire état de l’information, on assiste probablement là au dernier épisode de la crise de la GLNF. Les Frères pratiquant le REAA ne pourront donc plus prolonger leur parcours initiatique dans un atelier de hauts grades relavant du Suprême Conseil pour la France. Fondé en 1964, justement pour accueillir les Frères de la GLNF désirant pratiquer les hauts grades du REAA, le Suprême Conseil pour la France avait par la suite eu des relations souvent difficiles avec la GLNF. Lors de « La crise », le SCPLF avait été accusé, à tort ou à raison, d’être, par derrière, un des plus actifs soutiens des « rebelles » puis un des artisans de la création de la GLAMF. Depuis, sa doctrine officielle était d’accueillir indistinctement dans ses ateliers  les Frères des deux obédiences, considérant que GLAMF comme GLNF étaient régulières.

La nouvelle direction d’une GLNF re-régularisée ne pouvaient tolérer longtemps de voir ses membres se mettre sous l’autorité de juridictions de hauts grades qui entretenaient par ailleurs des relations avec sa scission la GLAMF. Dans les deux dernières années, elle a ainsi exigé du Grand Chapitre Français qu’il travaille de nouveau exclusivement avec elle et a reconstitué une petite structure pour les hauts grades pour le RER. Le Suprême Conseil du REAA étant « un gros morceau », elle a attendu un peu. Mais après cette avalanche de succès couronnée par la re-reconnaissance anglaise et, tout dernièrement, par le missile envoyé par Londres sur la CMF, elle se sent assez forte pour achever la normalisation. Après la date limite du 15 novembre 2014, on assistera surement à la création d’un nouveau Suprême Conseil du 33e degré en France. Le Grand Maître le suggère explicitement en écrivant qu’il suivra : « avec attention tout développement permettant aux Frères pratiquant le Rite Écossais Ancien et Accepté de poursuivre leur chemin de perfectionnement selon leur désir ». Mais l’opération va être complexe. Il ne sera sans doute pas très difficile de trouver quelques Frères 33e prêts à constater que la France est un territoire vierge quant à la pratique régulière du REAA et qu’il convient donc d’y créer un Suprême Conseil régulier… Mais – à la différence, par exemple, du Grand Chapitre Français – le Suprême Conseil pour la France est inséré dans tout le réseau des Suprêmes Conseils réguliers avec à sa tête celui de la Juridiction Sud des USA à Washington. Le SCPLF est aussi très actif dans la confédération des Suprêmes Conseils  réguliers d’Europe, son Grand Commandeur, Jean-Luc Fauque en est même le président. L’avenue de Villiers (adresse du SCPLF) a bien sûr consacré beaucoup de temps ces derniers mois à conforter et renforcer ses relations avec les autres Suprêmes Conseils réguliers. Le nouveau Suprême Conseil que ne manquera pas de créer la GLNF dans les mois qui viennent aura donc fort à faire pour espérer gagner un peu de légitimité et un début de reconnaissance par la communauté internationale des Suprêmes Conseils réguliers. Epreuves de force en vue…

Un nouveau numéro de « Renaissance Traditionnelle » (n°173-174)

Couv-RT-173-174Ce n°173-174 de Renaissance Traditionnelle s’ouvre par un nouvel épisode de la passionnante série de Jérôme Rousse-Lacordaire sur Les métiers de Dieu. L’auteur remet en chantier la problématique si féconde, ouverte il y a quelques décennies, par Jean Hani. Il explore ici la figure de Dieu comme pêcheur (après « L’Architecte », RT n°150; « Le Tisserand », RT n°153; « Le Potier », RT n°154-155; « Le Vigneron », RT n° 162; « Le Berger », RT n°169). Sa lecture nous a remis en mémoire une anecdote qui nous avait à l’époque marqué, ainsi que les autres personnes qui avaient assisté à la scène. Nous participions à un colloque à la Sorbonne sur les premiers concepts de la théologie chrétienne. Un professeur éminent proposa une communication très documentée fondée sur une analyse des notions par lesquelles les premiers chrétiens exprimaient leurs idées du péché, de la grâce, de l’espérance du salut, etc. L’orateur manifestait une virtuosité intellectuelle et un talent didactique qui faisaient l’admiration de l’assistance. À l’issue de l’exposé, après deux ou trois questions, notre regretté ami, l’anthropologue Claude Gaignebet se leva et affirma, avec sa manière sans pareille de prophète inspiré, que l’on faisait là bien des complications inutiles. « Ce qu’il faut – expliqua-t-il devant un auditoire médusé – ou plutôt ce qu’il fallait faire jusque dans les années 1950-1960, car alors fort peu de choses avaient changé – c’était aller sur le bord du lac de Tibériade et interroger les pêcheurs qui y étaient encore très actifs. Pour comprendre comment étaient reçus les évangiles au IIIe ou au IVe siècle, il fallait demander aux pêcheurs : « C’est quoi un filet ? Comment on s’en sert, comment on le répare ? Avec quel outil ? » ; « Comment le bon pêcheur prend le poisson ? Comment il le trie ? »… Au bout de quelques minutes, tout le monde était convaincu et le savant professeur amené à rejoindre sa place un peu penaud, dans une indifférence polie. Bien sûr, les deux avaient raison, mais la démonstration de Gaignebet montrait combien même les notions les plus subtiles de la spiritualité s’enracinent à l’origine dans un vécu quotidien, où le métier tient une grande place. Le premier Dieu des chrétiens a été d’abord, comme ses disciples, un pêcheur galiléen. Sans doute ce premier état a-t-il laissé, siècle après siècle, une trace profonde au cœur de son identité. Grâce à Jérôme Rousse-Lacordaire, essayons de mieux connaître et de mieux comprendre ce Dieu pêcheur d’âmes.

Toujours la quête des origines ! Gaël Meignez nous propose ensuite une enquête serrée sur l’un des personnages importants – et jusque-là mystérieux ! – des Anciens Devoirs des maçons médiévaux. Ce n’est pas d’aujourd’hui que cet Aynone ou Naymus Grecus intrigue les historiens maçonniques. En effet, il apparaît comme une figure annonciatrice d’Hiram, l’architecte du Temple de Salomon, et constitue donc un peu le « chaînon manquant » dans la constitution d’une séquence essentielle du légendaire de la franc-maçonnerie spéculative.

Dans ses recherches sur le Régime Écossais Rectifié à Marseille, Dominique Sappia est tombé sur une pépite : l’Armorial des CBCS marseillais. Avec Jacques Léchelle, il nous propose une jolie édition commentée de cette pièce rare.

Après nous avoir expliqué les origines et l’histoire du Rite Écossais Primitif de Namur, Christophe de Brouwer nous présente aujourd’hui son système de grades. On découvre bien sûr combien les différentes périodes y ont, chacune, laissé leur empreinte. Mais ce système s’est constitué de surcroît dans une région qui fut un carrefour de l’Europe où Britanniques, Autrichiens et Français s’affrontèrent, mais aussi se croisèrent et se fréquentèrent. D’un certain point de vue, le Rite Écossais Primitif apparaît donc vraiment comme un enfant de l’histoire maçonnique européenne, et ce n’est pas le moindre de ses intérêts.

Loin des clichés, avec ce portrait inattendu et stimulant, Guillaume Bétemps nous invite à découvrir un autre Joseph de Maistre. Dans nos maintenant classiques Acta Martinista, Steeve Fayadas livre ici les résultats d’une longue enquête sur les débuts du mythique Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix de Stanislas de Gaita.

Ce – robuste ! – numéro double inaugure… avec un peu de retard, l’année 2014. Il devrait arriver dans les boîtes aux lettres des abonnés en début de semaine prochaine.

Sommaire :

Dieu au travail VI. le pêcheur, par Jérôme Rousse-Lacordaire

Naymus le paladin architecte venu de Grèce avec les reliques de la Croix, par Gaël Meigniez

Transcription et reconstitution de l’armorial des CBCS de Marseille au début du XIXe siècle, par Jacques Léchelle & Dominique Sappia, illustrations de Laurence Prigent

Les 250 ans du Rite Écossais Primitif, dit de Namur. Seconde partie : Étude succincte des rituels, par Christophe de Brouwer

Joseph de Maistre, le prophète franc-maçon par Guillaume Bétemps

Acta Martinista : « In Cruce Sub Sphera venit Sapientia Vera » ou les documents fondateurs de l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix de Stanislas de Guaita, par Steeve Fayadas

http://www.renaissance-traditionnelle.com/