Pour un historien, établir l’appartenance maçonnique d’un personnage reste un problème plus compliqué que ne l’imaginent en général les « profanes »… persuadés que les obédiences maçonniques possèdent, de temps immémorial, des fichiers à jour et précis de leurs membres. En fait, la question se pose assez différemment selon les époques.
Tant au XVIIIe que dans la première moitié du XIXe siècle, le Grand Orient n’avait pas de liste centralisée de ses membres, chaque loge gérait elle-même ses effectifs. Ainsi, il est très difficile de vérifier une appartenance maçonnique lorsque l’on ne connaît pas… la loge dont la personne étudiée aurait pu être membre ! Heureusement certains chercheurs ont effectué des dépouillements d’archives de loges qui constituent souvent la seule entrée possible. Alain Le Bihan a passé au peigne fin les archives des loges parisiennes du Grand Orient et publié un inventaire remarquable sur Les Francs-Maçons parisiens du Grand Orient de France – fin du XVIIIe siècle (Édition de la Bibliothèque Nationale, Paris, 1966). Depuis, plusieurs études régionales ont proposé des répertoires de Maçons. En 1988, Johel Coutura lançait le mouvement avec Les francs-maçons de Bordeaux au 18e siècle, un passionnant dictionnaire biographique. Dix ans plus tard Éric Saunier publiait sa thèse novatrice Révolution et sociabilité en Normandie au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. 6000 francs-maçons de 1740 à 1830 (1998). La même année, le pays basque, autre terre d’implantation maçonnique précoce, bénéficiait aussi d’un inventaire de ses Frères avec l’ouvrage de Jean Crouzet : Loges et francs-maçons Côte basque et Bas-Adour 1740-1940 (1998). Plus récemment, Daniel Kerjan insérait en annexe de sa remarquable étude – Rennes : les francs-maçons du Grand Orient de France : 1748-1998 : 250 ans dans la ville (2005) – un recensement des Maçons rennais. Dernièrement Aimé Imbert publiait une liste de 2000 Frères du siècle des Lumières dans Les Loges maçonniques lyonnaises au XVIIIe siècle (2013).
Dans les années 1960-1970, véritable pionnier avec Alain Le Bihan, Jean Bossu a consacré sa vie à dépouiller des archives et des articles de revues régionalistes ou de publications savantes. Il relevait sur de petites fiches les appartenances maçonniques dont elles faisaient état. Le « fichier Bossu » a fini par compter plus de 100.000 fiches retraçant la carrière maçonnique de frères célèbres ou inconnus au gré des recherches de son auteur. A sa mort, il a légué ce fichier à la Bibliothèque nationale. Pour une période allant globalement de 1780 à 1850, le « fichier Bossu » demeure, dans beaucoup de cas, la seule ressource de l’historien. Jusqu’à présent il ne pouvait être consulté qu’à la Bibliothèque nationale… mais pas directement. En raison de sa complication et de sa fragilité, il fallait solliciter la conservatrice du fonds maçonnique qui, du coup, croulait sous les demandes. Or, depuis quelques jours, grâce à la politique de numérisation et de mise en ligne de la BnF, le « fichier Bossu » est consultable sur le Web.
Voilà comment procéder, nous explique Sylvie Bourel, conservatrice du fonds maçonnique de la BnF : « Vous allez, sur le site de la BnF, rubrique « catalogue », choisissez « Archives et manuscrits », puis « Formulaire de recherche », et dans la ligne « Texte libre » vous tapez « Fichier Bossu suivi du nom qui vous intéresse ». On accède en général à une ou plusieurs boîtes ce qui permet d’aller voir à côté, ce qui est fort utile, l’orthographe des noms pouvant parfois varier sensiblement à cette époque. »
Nous avons testé et…Ça marche !
Voilà qui va grandement faciliter la tâche des historiens du XVIIIe et du XIXe siècle qui rencontrent la franc-maçonnerie dans leurs recherches.
Bonsoir à Vous tous
sur family search il y a en ligne la généalogie de Roeittiers de Montaleau
[…] Une révolution dans la recherche maçonnique : le « fichier Bossu » de la BnF est depuis quelques… Pour un historien, établir l’appartenance maçonnique d’un personnage reste un problème plus compliqué que ne l’imaginent en général les « profanes »… persuadés que les obédiences maçonniques possèdent, de temps immémorial, des fichiers à jour et précis de leurs membres. En fait, la question se pose assez différemment selon les époques. […]