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Le n°175 de Renaissance Traditionnelle vient de sortir : Quatre grades et cinq mots, Voyage dans la première franc-maçonnerie

RT 175 Couverture1 copieComme les êtres vivants, certaines institutions sont profondément marquées par leurs origines et gardent leur vie durant des traits fixés dans les tout premiers temps de leur existence. Comprendre la genèse de la Maçonnerie spéculative reste donc essentiel pour mieux saisir la nature complexe de l’Ordre et son message. Dans ce n°175 de Renaissance Traditionnelle, Paul Paoloni nous invite à nous pencher sur le premier système – et donc l’enseignement – de la franc-maçonnerie. Pour cela, il nous propose un dossier très documenté doublé d’une approche pour le moins atypique.

Premier point, l’idée d’une séparation originelle entre « grades symboliques » et « hauts grades » n’est pas pertinente. Contrairement à ce que l’on a longtemps pensé, il n’y a pas eu d’abord fixation des trois premiers grades puis, ensuite, quelques années plus tard, création des hauts grades. Dans le grand chaudron des années 1696-1730, apparaissent progressivement, dans les îles Britanniques d’abord, en France ensuite, et peu après dans le reste de l’Europe et aux États-Unis d’Amérique, des éléments dont certains seront intégrés – parfois de façon différente selon les lieux et les époques – dans les grades d’Apprenti, Compagnon et Maître et d’autres dans ce qui deviendra les « autres grades ». Il faut insister – pour comprendre ce processus de création – sur la dynamique ayant existé entre les Maçonneries britannique et française, et constater combien la Maçonnerie française a eu d’influence au XVIIIe siècle. Dans cette perspective, il semble bien que l’étude des origines de la franc-maçonnerie « non opérative », et de son évolution tout au long du XVIIIe siècle, gagne à être conduite dans une perspective franco-britannique. Cela fait quelque temps que les historiens maçonniques soulignaient que cette vision établie de deux Maçonneries – une « symbolique » dérivée du Métier et une autre, de hauts grades, différente et postérieure – était un produit de l’histoire et non une réalité structurelle. Pour essayer de comprendre cette période fondatrice qui demeure très obscure, il convient donc de prendre en compte l’ensemble des matériaux maçonniques disponibles, sans sélection a priori.

Deuxième point : la pratique de la première Maçonnerie était peut-être assez différente de ce qu’elle deviendra par la suite et que nous connaissons encore aujourd’hui : des grades successifs et clairement individualisés avec ouverture et fermeture, cérémonies de réception, instruction. Peut-être, à l’origine, le système ne consistait-il qu’en dialogues d’instructions autour d’une table – avec des images symboliques ? – assortis de « secrets » (signes et mots) que l’on transmettait au candidat qui avait assisté à l’échange. Chacun a en tête la gravure de Picart (1735) et l’estampe allemande (circa 1740) où l’on voit les Frères placés autour de tables. Toujours est-il que, lorsque l’on cherche le premier système de grades qui aurait été mis en place dans les années 1717-1730, on est face à des éléments peu cohérents entre eux voire, dans certains cas, contradictoires. Pour essayer de sortir de cette impasse, René Désaguliers avait proposé de ne pas se fixer sur les grades, au sens où nous l’entendons aujourd’hui, mais sur les différents « secrets » qui étaient successivement révélés au Maçon lors de sa progression dans l’Ordre, en soulignant la place centrale dans cette progression , de l’Installation secrète du Maître de Loge, éminente par son contenu, énigmatique dans sa forme. Paul Paoloni repart ici de cette intuition essentielle, reprend point par point l’analyse et l’enrichit d’une très importante documentation puisée dans les sources écossaises, anglaises et irlandaises (dont certaines difficiles d’accès).

Dans les années 1730-1740 – les premières pour lesquelles on commence à avoir des sources conséquentes quant aux grades – on va découvrir ces cinq mots associés à des grades parfois différents, souvent apparentés d’un côté à l’autre de la Manche… Mais on retrouvera toujours ces cinq mots. On pourrait donc y voir le message fondamental de la franc-maçonnerie ? Au delà de ses conclusions qui peuvent, bien sûr, être discutées, le grand mérite de cette importante étude, c’est de bousculer nos idées classiques sur la question des grades. En l’absence de documents nouveaux – mais il est vrai que l’on en a trouvés tellement ces dernières années ! – les avancées en la matière se feront en rebattant les cartes disponibles et en leur appliquant de nouvelles grilles d’interprétations.

Tous les détails concernant la revue sur

http://www.renaissance-traditionnelle.com

Les débuts de la Légion d’honneur et la Franc-maçonnerie

LdHA Lacépède qui lui faisait une nouvelle fois part de ses états d’âme comme Grand Chancelier de la Légion d’honneur, Napoléon évoquait « le Temple dont j’ai ordonné la construction » et il le priait de poursuivre l’ouvrage. La qualité et les multiples responsabilités maçonniques du savant naturaliste étant bien connues dans les cénacles parisiens, il est difficile de ne pas voir là un clin d’œil de l’Empereur, initié ou non. Derrière le masque de l’autorité, Napoléon faisait ainsi appel aux valeurs personnelles de son fidèle partisan. En effet, tout était à construire pour établir cet Ordre nouveau. On a souvent avancé l’hypothèse d’influences maçonniques sur la création de la Légion d’honneur ou quant au choix de son étoile et des recherches ont été menées pour faire le point sur ces questions. Nous voudrions nous limiter ici à l’étude d’éventuels liens entre les loges et de ceux qui ont mis en place, sur le terrain, son administration entre 1802 et 1815. Ses deux premiers organisateurs, le général Mathieu Dumas et Lacépède sont des maçons notoires, comme d’ailleurs une partie des chefs de cohorte ou Cambacérés. Mais derrière ces grandes figures, peut-être des frères de rangs plus modestes contribuèrent-ils aussi à établir la Légion d’honneur ? Nous allons donc nous plonger dans le quotidien de la Grande Chancellerie sous l’Empire… et essayer de mieux cerner le milieu où furent recrutés ses artisans. Cette enquête sur les hommes de la première Légion d’honneur se veut aussi une contribution à l’étude de la dimension symbolique du pouvoir en France. Le plus éminent de nos ordres joue, en effet, un rôle certain dans la représentation sociale de l’autorité publique et des élites tout au long du XIXe siècle. S’intéresser aux origines de la Légion d’honneur c’est donc aussi étudier un aspect du système de valeurs sur lesquelles s’inscrit la construction d’un nouvel État dans la France moderne.

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