Les grades maçonniques du Saint Sépulcre au XVIIIe siècle : une chevalerie méconnue
Jérusalem est bien loin ! Les quelques Ordres de chevalerie du Moyen Âge qui subsistent encore au XVIIIe siècle sont devenus des décorations et permettent surtout d’attribuer des pensions aux plus fidèles serviteurs du Roi. Vers 1730-1740, différents cercles maçonniques veulent recréer une vraie voie chevaleresque, qui unisse à nouveau idéal spirituel et action dans le monde. C’est l’origine de la chevalerie maçonnique et de plusieurs de ses hauts grades. Ils visent à rassembler ce que l’histoire a dispersé : l’esprit et les rites de la chevalerie. De la fin du Moyen Âge au siècle des Lumières, l’esprit de la chevalerie est resté bien vivant dans toute une littérature qui n’a cessé d’être lue. Quant aux rites, on peut encore les voir pratiqués en 1740, par exemple dans les cérémonies des Ordres de Saint-Lazare ou de Malte. On a justement fait le lien entre la réception de Ramsay dans l’Ordre de Saint-Lazare et son célèbre discours en loge. Discours qui connut un grand succès et où Ramsay défend l’idée d’une filiation entre la chevalerie médiévale et la franc-maçonnerie. Dès les années 1730-1740, les loges se mettent à pratiquer des cérémonies chevaleresques et à conférer des grades de « Chevalier de l’Orient » ou « Chevalier Kadosh ». Le principal modèle que la chevalerie maçonnique veut relever est bien sûr l’Ordre du Temple, avec son prestige et son auréole de mystères… Mais on découvre que l’Ordre médiéval du Saint Sépulcre a aussi inspiré les Maçons du XVIIIe siècle. Certains Frères – par ailleurs membres des confréries du Saint Sépulcre qui étaient alors encore très actives – l’ont reconstitué dans un cadre maçonnique. Ces grades et Ordres maçonniques du Saint Sépulcre sont un exemple méconnu de hauts grades chrétiens. En France, au début du XIXe siècle, le Souverain Chapitre Métropolitain du Rite Français inscrivit le Chevalier du Saint Sépulcre dans la 6e série du Ve Ordre comme 50e grade. On en trouve trace, à l’extrême fin du XVIIIe siècle… aux Etats-Unis ! Probablement le grade est-il parti outre-Atlantique par Toulon, Marseille ou Bordeaux dans les bagages de Maçons voyageurs. Sa pratique se développa aux Etats-Unis et, de là, il passa en Angleterre. En 1865, Robert Wentworth Little organisa le Grand Conclave « moderne » des Chevaliers de la Croix Rouge de Constantin dont le Chevalier du Saint Sépulcre devint un « appendant order », c’est-à-dire un grade associé. Depuis le XIXe siècle et jusqu’à aujourd’hui il est encore pratiqué dans ce cadre, y compris en France.
Retrouvez l’étude complète dans :
De la chevalerie rosicrucienne à la chevalerie templière, XIe colloque SFERE (Société Française d’Étude et de Recherche sur l’Écossisme)
– Une chevalerie méconnue : les grades maçonniques du Saint Sépulcre au XVIIIe siècle par Pierre Mollier
– Comment faut-il comprendre la chevalerie dans l’esprit du Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte par Thierry Boudignon
– L’imaginaire chevaleresque et les ordres de chevalerie maçonnique par Pierre Girard-Augry
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