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Le grade de « Royale Arche » en France au XVIIIe siècle (« RT » n°198)

Le Royal Arch reste, jusqu’à aujourd’hui, l’un des grades majeurs de la Maçonnerie anglo-saxonne. Laurence Dermott, le Grand Secrétaire de la Grande Loge des Antients affirmait y avoir été reçu à Dublin en 1746. Il le considérait comme « la racine, le cœur et la moelle de la franc-maçonnerie ». Mais, contrairement à ce qui a parfois été avancé, les Moderns l’appréciaient et le pratiquaient aussi. C’est même eux qui vont constituer le premier Grand Chapitre en 1766. En 1774, le Grand Secrétaire de la Première Grande Loge (des Moderns), James Heseltine, répond à un de ses correspondants : « Il est vrai qu’une grande partie de la Fraternité ici appartient à un grade de la Maçonnerie dit supérieur aux trois autres, appelé l’Arc Royal. J’ai l’honneur d’être revêtu de ce grade et ses principes et ses cérémonies sont vraiment dignes d’éloges ».  En 1813, l’Arc Royal est intégré au système fixé par la Grande Loge Unie d’Angleterre avec cette déclaration, fort peu cartésienne mais souvent considérée comme une illustration du pragmatisme britannique, selon laquelle : « la pure et ancienne Maçonnerie consiste en trois grades et pas plus, à savoir ceux d’Apprenti, de Compagnon et de Maître Maçon y compris l’Ordre Suprême du Saint Arc Royal » ; trois seulement… y compris le quatrième ! En Écosse, en Irlande et aux États-Unis, le Royal Arch est pratiqué selon d’autres modalités mais revêt aussi une grande importance dans le parcours maçonnique.

Ce serait céder à une apparence trompeuse que de considérer le Royal Arch comme un sujet maçonnique essentiellement anglo-saxon. Dans toutes les Maçonneries, la perte – ou la mise à l’écart – du « vrai mot » au grade de Maître ouvre à une suite qui puisse rétablir l’intégrité des « secrets » maçonniques. Comme l’imparfait appelle un travail de perfection. Dès le XVIIIe siècle, les Maçonneries du continent, au premier rang desquels la Maçonnerie française, connaissent des grades qui jouent le même rôle que le Royal Arch britannique et qui entretiennent d’ailleurs avec lui des liens étroits. À partir de 1745, le Vray Maître et Écossais – et dans son sillage toute une série de grades qui en sont issus et qui constituent la famille des Écossais de Perfection ou Écossais de la Voûte – proposent un corpus légendaire et symbolique très proche de l’Arc Royal. En 1780, un voyageur français à Londres notait d’ailleurs « Autant que je puis juger par ce que le f:. Heseltine m’a dit, le Royal Arch n’est autre chose que le grade d’Écossais en France […] Son grand objet est de retrouver le vrai mot de maître et de démontrer à l’homme le plus essentiel des Traits de lumière »

Mais, de manière tout à fait curieuse, alors que les Écossais de la Voûte en sont les équivalents naturels de ce côté-ci de la Manche, on découvre aussi un grade de « Royale Arche » dans la Maçonnerie française du XVIIIe siècle. Cette appellation même de « Royale Arche », avec l’adjectif précédant le nom, semble signer son origine britannique. De surcroît, certaines versions de cet Arc Royal français présentent des caractéristiques que l’on ne retrouve que dans le Royal Arch britannique.

Le grand intérêt de cet Arc Royal français est que l’on dispose d’un certain nombre de rituels, dont les plus anciens peuvent être datés assez sûrement du début des années 1760, alors qu’outre-Manche les plus anciens rituels de Royal Arch – très rares – ne peuvent pas être antérieurs au début des années 1780. Nos textes français pourraient donc être les tout premiers témoins du Royal Arch britannique originel.

Pour le découvrir ou l’acquérir : https://rt.fmtl.fr/num%C3%A9ros/198