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Lucien Graux : « prince des bibliophiles » et franc-maçon

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Lucien Graux est maintenant bien oublié. On ne trouve plus guère son nom aujourd’hui qu’au détour de catalogues de vente aux enchères ou de libraires où l’on peut parfois lire la mention « ancienne collection Lucien Graux ». Celle-ci est restée un indéniable label de qualité. Lucien Graux a été l’un des plus grands collectionneurs de l’Entre-deux-guerres. Le plus grand peut-être à cette époque qui est un des âges d’or de la bibliophilie. On l’a souvent présenté comme « le prince de bibliophiles ». C’est par exemple lui qui, après avoir pu en faire l’acquisition, a offert à l’État le testament de Louis XIV, document essentiel de l’histoire de France mais qui, curieusement, était alors en mains privées. Entre 1953 et 1957, il n’a pas fallu moins de neuf ventes à Drouot pour disperser sa bibliothèque. Les catalogues de ces neuf ventes demeurent des ouvrages de référence pour tous les bibliophiles.

Lucien Graux est né dans une famille aisée le 4 avril 1878. Son père était un médecin réputé exerçant pendant la « saison » à Contrexéville. Il suit ses traces et fait sa médecine. Tempérament hyperactif, à peine sorti de la faculté de médecine, Lucien Graux devient éditeur de La Gazette médicale et dépose un brevet pour un médicament luttant contre l’acide urique : l’Urodonal. L’Urodonal va transformer le jeune médecin en homme riche. Outre ses qualités propres, l’Urodonal va rencontrer un grand succès en raison de ses célèbres campagnes de publicité. Esprit curieux et inventif, homme avisé, Lucien Graux va s’intéresser aux premières techniques de communication de masse et apparaît comme l’inventeur de la communication médical moderne. Après la guerre de 14, il élargira ses activités en lançant une maison de parfums qui connaîtra aussi la réussite : Arys. Avant même la quarantaine, le docteur Lucien Graux est donc à la tête d’une fortune qui lui donne des loisirs et des moyens pour se livrer à ses goûts pour la collection. En une vingtaine d’années, il rassembla, dans son hôtel particulier du 33 avenue Kleber, l’une des plus grandes et plus belles collections privées de manuscrits et de livres.

Jeune étudiant en médecine aux idées avancées, il est initié au sein de la Loge L’Enseignement Mutuel du Grand Orient de France le 12 avril 1899, compagnon et maître, deux mois plus tard, le 29 juin 1899, il est Rose-Croix en juillet 1902 et Chevalier Kadosh (Chapitre et Conseil L’Avenir) en octobre 1903. Même pour une époque, peu portée sur le symbolisme, où les passages de grades se faisaient rapidement, c’est un parcours express ! En 1901, il est l’un des fondateurs de la Loge – bien nommée – Les Étudiants qui veut rassembler la jeunesse républicaine du quartier latin. Sa vie maçonnique active semble s’être surtout déroulée avant la guerre de 14 et il paraît avoir été moins présent en Loge à partir des années 1920. Néanmoins il tient à son affiliation maçonnique puisque, porté démissionnaire en 1935 à la suite d’un problème administratif, il entreprend des démarches pour obtenir sa réintégration – qui ne pose aucun problème – et est rapidement réinscrit sur le tableau de la Loge. Il sera d’ailleurs stigmatisé comme franc-maçon par la presse collaborationniste (Le Matin du 9 août 1941 ). Lucien Graux, qui a donc 62 ans en 1940, ne supporte pas l’effondrement de la France et le régime de Vichy, et s’engage dans la Résistance.

Arrêté par les Allemands à son domicile le 10 juin 1944 à l’aube, déporté, le Frère Lucien Graux est mort au camp de Dachau le 10 octobre de la même année.


Un commentaire

  1. Servais, Jean-Michel dit :

    Dans une chanson de Georgius (1920), largement utilisée en Salle de Garde et dans tous les bons bréviaires estudiantins, figure « la chanson du Fils-père »: un malheureux garçon se donne bêtement après quoi la fille le jette de chez elle…mais il constate qu’il est « enceint »…
    Il en perd la raison, sombre dans l’orgie et « boit du cidre et de l’Urodonal »
    Merci au bon Dr Graux ; mais dans ce mésusage-ci, le pauvre gars n’avait point de souci d’acide urique ( maladie=la goutte / podagre) et le cidre n’est point abortif…
    Je tiens le texte à disposition mais ne sais comment le mettre en attache
    Bien fraternellement

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