Le n°203 de Renaissance Traditionnelle : la réception des Compagnons tailleurs de pierre au XVIIe siècle
À l’image des Maçons français, Renaissance Traditionnelle et ses lecteurs se sont toujours vivement intéressés à l’histoire des Compagnonnages. Les collectionneurs se souviendront des articles de Gérard Lindien (Gérard de Crancé) dans les premiers numéros de la revue dans les années 1970 : Nouvelle incitation à la connaissance du Compagnonnage. Au milieu des années 2000, Laurent Bastard – alors conservateur du Musée du Compagnonnage de Tours – nous invita à le suivre dans une passionnante enquête sur Les sources méconnues du Compagnonnage français au XIXe siècle. Depuis vingt ans, Jean-Michel Mathonière nous a régulièrement proposé des contributions sur tel ou tel aspect de l’iconographie compagnonnique.
Bien sûr la vision des liens entre Compagnonnages et franc-maçonnerie a beaucoup évolué en cinq décennies. On sait aujourd’hui que les similitudes entre certains usages compagnonniques et la franc-maçonnerie s’expliquent essentiellement par des emprunts des Compagnons aux Maçons au XIXe siècle et non par des sources communes et antiques chez les « Bâtisseurs de Cathédrales » comme le suggérait tout un imaginaire romantique. Il n’en reste pas moins que les Compagnonnages sont un exemple unique de « fraternité initiatique de métier » et que, à ce titre, ils doivent retenir l’attention de ceux qui essayent de mieux comprendre « la question de l’initiation ».
Or l’histoire des Compagnonnages, notamment pour les périodes anciennes, celles antérieures au XIXe siècle, reste très mal connue. C’est particulièrement vrai pour ce qui est des différentes sociétés compagnonniques, de leurs usages rituels, de leurs corpus symboliques. L’apparition d’un nouveau document constitue donc un véritable événement. Or, après en avoir rêvé pendant des années, Jean-Michel Mathonière a découvert il y a quelques mois un manuscrit, de la fin du XVIIe siècle ou du début du XVIIIe, qui décrit la cérémonie de réception des « braves compagnons étrangers du Devoir, tailleurs de pierre ». La simplicité de ce rituel lui donne un grand parfum d’authenticité. La référence explicite à Salomon et à son Temple dans un texte « opératif » antérieur à la diffusion de la franc-maçonnerie en France est passionnante.
Nos lecteurs trouveront ici un facsimilé du manuscrit assorti d’une transcription et de nombreuses notes explicatives. Mais l’auteur nous propose aussi une consistante introduction et un copieux dossier d’analyses et de documents pour remettre cette découverte si importante dans son contexte. Nul doute que ce numéro 203 de R.T. constitue un apport majeur à l’histoire des Compagnonnages et au-delà à celle des fraternités initiatiques – opératives ou spéculatives – liées à l’art de bâtir.
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Les saints dans l’emblématique des « Maçons de pratique » en France au seuil du XVIIIe siècle

Mon dernier article – publié dans les « Cahiers Villard de Honnecourt » – est consacré aux saints-patrons dans les blasons des communautés de Maçons à l’extrême fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe. En voilà l’introduction et un extrait.
On sait combien il est difficile de cerner précisément les relations des premiers francs-maçons « spéculatifs » avec les maçons « opératifs ». En France, la maçonnerie « opérative » ne semble guère avoir intéressé les francs-maçons du XVIIIe siècle tout imbus des origines chevaleresques de l’ordre avancées par Ramsay. Mais, ne serait-ce que par l’appellation de « Maçonnerie » et au travers des éléments mis en œuvre dans les rituels – évocation des outils, des plans du Temple, des pierres brutes et « cubiques » etc. –, le métier de maçon ou, a minima, l’architecture, ne sont pas complètement absents de l’horizon des loges. De plus, en trois siècles, l’imaginaire maçonnique s’est beaucoup enrichi. Le XIXe siècle romantique a magnifié les « bâtisseurs de cathédrales ». Au XXe siècle, l’œuvre du pérénialiste René Guénon a vu dans l’« art du trait » et « les secrets des opératifs » l’authentique ésotérisme maçonnique. Aussi, les francs-maçons français témoignent aujourd’hui d’un grand intérêt pour leurs lointains cousins tailleurs de pierre. Voilà de bonnes raisons de s’interroger sur l’emblématique des « maçons de pratique » au moment où émerge en Europe la franc-maçonnerie spéculative. Dans cette perspective, nous voudrions utiliser ici un document tout à fait passionnant : l’« Armorial général de France » de 1696. Celui-ci apporte en effet des informations inédites sur l’emblématique du métier de maçon à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. Les saints patrons y tiennent notamment une place de choix.
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Les Quatre Saints Couronnés sont clairement représentés dans plusieurs blasons de maçons de l’Armorial. Mais le thème donne lieu à des traitements iconographiques très différents. Par définition le dessin héraldique n’est pas réaliste mais au contraire stylisé. C’est un langage pictural codé plus qu’une représentation. C’est pourquoi on peut qualifier de fort peu héraldiques les armoiries des maçons de Montpellier qui « Porte[nt] d’azur a quatre Martirs de carnation couronnés d’or et vetus de pourpre adextrés d’un compas d’or et senestrés d’un Equairre de meme ». Il s’agit sans doute d’une bannière « mise en armoiries ». Au contraire, à l’autre bout du pays, à Dunkerque, les maçons sont dotés d’un blason qui développe un beau et riche dessin héraldique : « d’azur a deux palmes d’or passées en sautoir liées en cœur de gueules et accompagnées de quatre couronnes d’or, doublées de gueules, une en chef, deux aux flancs et une en pointe ». Les quatre saints sont allégoriquement représentés par leur couronne et la composition met en valeur la palme du martyre. La stylisation est encore poussée plus loin dans les armoiries des « Maîtres Massons » de Cluny en Bourgogne : « d’argent à quatre couronnes de gueules cantonnées » (Beaune en propose une variante : « d’or à 4 couronnes cantonnées de gueules »). En se conformant à l’esprit du langage héraldique, mais en utilisant toutes ses ressources, le blason « aux Quatre couronnés » le plus sophistiqué de l’Armorial est celui de : « la communauté des Maîtres Massons et tailleurs de pierre de la ville de Dijon [qui portent] : D’argent à quatre lions de gueules couronnées d’azur et tenant chacun de leur patte dextre une palme de sinople »! Les lions ajoutent un symbole de la force de la foi à la palme du martyre.
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Vous pouvez retrouver l’ensemble de l’étude « Les saints dans l’emblématique des « Maçons de pratique » en France au seuil du XVIIIe siècle » dans le n°125 des « Cahiers Villard de Honnecourt », « Les Saints Patrons des Francs-maçons », qui vient de sortir.
Il y a 250 ans : Les travaux oubliés de la « Commission des huit ».

La mort du comte de Clermont en 1771 est l’occasion pour Sigismond de Montmorency-Luxembourg d’entreprendre une réforme en profondeur de la première Grande Loge de France. Ce long processus, qui s’étalera sur deux ans, connaît plusieurs étapes. L’une d’entre elles est la fusion de l’une des plus importantes organisations de hauts grades – la Souveraine Mère Loge Écossaise du Grand Globe Français, l’ancien Conseil des Empereurs d’Orient et d’Occident des années 1760 – et de la Grande Loge. Une commission de huit membres, composés d’Écossais et de représentants de la Grande Loge, se réunira pendant l’année 1772 pour élaborer les règlements de cette nouvelle structure. C’est la « Commission des huit » qui rédige donc la première version des statuts du futur Grand Orient, texte qui sera discuté et validé par les délégués des Loges au printemps 1773. La commission se réunit à plusieurs reprises chez le duc de Montmorency-Luxembourg au château de l’Arsenal. A l’occasion des journées du patrimoine on pouvait découvrir la pièce qui accueillit ces travaux dans la partie XVIIIe siècle subsistante de la Bibliothèque de l’Arsenal. Il s’agit du « Salon de musique », récemment restauré, avec ses magnifiques boiseries Louis XV. C’est donc là que se retrouvèrent, pour les Écossais : l’astronome Lalande, le baron de Toussainct – futur secrétaire général du Grand Orient –, et Labady ; pour la Grande Loge : Daubertin, conseiller du Roi, son secrétaire général, Bruneteau, son Grand Orateur. La commission comptait aussi Carbonnel, avocat au Parlement de Paris, l’un des plus anciens Maîtres de Paris, il avait participé à l’élection du comte de Clermont en 1743 ; Lacan, maître en chirurgie et Lucas de Boulainvilliers. Elle travailla bien sûr sous l’autorité du duc de Montmorency-Luxembourg.

Le duc de Montmorency-Luxembourg résida au « Château de l’Arsenal », chez son beau-père le marquis de Paulmy, de 1771 à la mort de celui-ci en 1787. Le bras de Seine que l’on voit a été comblé au XIXe siècle et la Bibliothèque de l’Arsenal est aujourd’hui longée par le Boulevard Morland.
La Chevalerie maçonnique, une nouvelle édition augmentée
Les loges du XVIIIe siècle sont un phénomène complexe, polymorphe… et paradoxal. Leurs huis clos abritent à la fois les échos des idées nouvelles et les vestiges de traditions séculaires. Ainsi, certains « hauts grades » ne peuvent se comprendre que lorsqu’on les inscrit dans les idées, les rêves et les spéculations que la chevalerie ne cessa de susciter depuis sa disparition à la fin du Moyen Âge. Au cœur du Siècle des lumières, la franc-maçonnerie offrira un cadre accueillant à ceux qui voulaient redonner corps à une tradition alliant action et spiritualité. Cette tentative de reconstruction d’une voie chevaleresque utilisa d’ailleurs des éléments très anciens. Cette étude se propose d’explorer les origines et les premières années de la Chevalerie maçonnique. Elle veut aussi montrer combien les loges ont été l’une des « sources occultes du romantisme ».
Dans cette nouvelle édition « corrigée et augmentée », le chapitre sur l’origine des hauts grades a été profondément remanié pour tenir compte de toutes les découvertes faites par les historiens maçonniques depuis vingt ans. Deux chapitres supplémentaires ont aussi été ajoutés sur les liens de la franc-maçonnerie avec l’ordre de Malte au XVIIIe siècle et sur les rôles – rêvés et réels – des Stuarts dans les hauts grades chevaleresques. Un cahier couleur illustre la riche iconographie du sujet.
Pierre Mollier, La Chevalerie maçonnique. Franc-maçonnerie, imaginaire chevaleresque et légende templière au siècle des Lumières, préface de Roger Dachez, 2e édition corrigée et augmentée, Paris, Éditions Dervy, 240 pages, 160 x 240 mm, 430g, 24,00€.
EAN : 9791024206769
ISBN : 979-1-02-420676-9
Léopold Burthe, un « petit maître » précurseur ?

Sappho jouant de la Lyre de Léopold Burthe (1848).
Il y a 30 ans, et depuis à chacun de mes passages – fréquents – au Musée des Beaux-Arts de Carcassonne, j’admirais cette œuvre au style étonnement moderne pour son époque. En dépit de quelques recherches, l’œuvre et son auteur – Léopold Burthe (1823-1860) – semblaient alors complètement inconnus. Le tableau fait aujourd’hui l’affiche d’une intéressante exposition du Musée sur les femmes dans la peinture… spirituellement intitulée « Exception’Elles » ! Mais Léopold Burthe semble aussi en passe d’être tiré de l’oubli. Ainsi, une de ses toiles, toute aussi étonnante, est une des pièces emblématiques présentées en ce moment dans l’exposition « Héroïnes romantiques » – on est dans l’air du temps – au Musée de la vie… romantique à Paris. Cette Ophélia rappelle un peu Le cauchemar d’Henry Fuseli et témoigne de la version française de cette veine néogothique qui annonce le fantastique.

Dans sa courte vie, il meurt à 37 ans, Léopold Burthe a été un disciple et un ami d’Amaury Duval, ce qui le rattache au cercle que l’on a appelé les « Préraphaélites français ». Comme eux, son « primitivisme » prend parfois une dimension fantastique. C’est pour nous ce qui fait son charme.
Léopold Burthe fait maintenant l’objet d’une notice Wikipédia (un peu courte mais c’est un début) ainsi que son père, un aventurier, et son oncle général d’Empire. Tout cela permet de mieux le situer. L’enquête continue !
L’Ascension emblème des « Maçons de pratique »
L’Ascension du Christ est un des emblèmes des Maçons et Tailleurs de pierre en France.
D’après différentes légendes « apocryphes », reprises dans la célèbre « Légende dorée », Jésus aurait en effet laissé la marque de ses pieds sur la roche et, en quelque sorte, lui aussi, « taillé la pierre ».
L’armorial général de 1696 décrit ainsi les armoiries des Maçons de Marseille. Il s’agit sans doute d’ailleurs d’une bannière « mise en écu ». La « communauté des Maçons de Marseille »
« Porte d’azur a un marteau, une truelle et un compas ouvert, le tout rangé en pointe d’argent, surmontés d’un Christ montant au ciel suporté d’une nuée d’argent dans une gloire d’or, le Christ de carnation, ses mains estendues percées de gueules, ses pieds percés de meme, et vetu d’azur et de gueules. »
On retrouve l’Ascension chez les Maçons parisiens puisque leur blason est ainsi décrit dans l’Armorial : « d’azur a une ascension du fils de Dieu sur une montagne le tout d’or ».
Masonic Myths and Legends

For my English speaking friends, my latest production from Westphalia Press (Washington). A series of studies on the origins, sources and meanings of the legends used in the rituals of the degrees (Royal Arch, Rose-Croix, Chivalric degrees).
Freemasonry is one of the few organizations whose teaching method is still based on symbols. It presents these symbols by inserting them into legends that are told to its members in initiation ceremonies. But its history itself has also given rise to a whole mythology. Freemasons are the heirs of the builders of cathedrals. They were protected by the Stuart kings in Scotland from the Middle Ages to the Eighteenth Century, and the Stuarts were their secret Grand Masters. Freemasonry preserves the teachings of a primitive Judeo-Christian gnosis. In order to better understand these legends and myths and their significance, Pierre Mollier has studied their origins and attempted to find their sources. This book presents some of his research. A better understanding of the origins of the initiatory legends of Freemasonry is undoubtedly one of the best ways to better live one’s Masonic commitment.
Foreword by Paul Rich
I – A 1657– masonic? – Bookplate: operative or speculative… That is the question?
II – A Personal Testimony about Masonry in Britain in the Eighteenth Century
III – An Archaic “Scottish Master” at the Roots of High Degrees
IV – Some News from the “Russian Archives” about the Early History of the High Degrees: the Scottish Order in Berlin from 1742 to 1752
V – The Jewish and Christian Sources of the Legend of the Vault
VI – The Masonic Degree of Rose-Croix and Christianity: The Complex Links between Religion and Freemasonry during the Enlightenment
VII – The 1764 Santo Domingo Manuscript: A Reflection of the French Original of the Francken Manuscript
VIII – Malta, the Knights, and Freemasonry
IX – The Stuarts and Freemasonry: The Final Episode
X – The Masonic Orders of the Holy Sepulchre in Eighteenth-Century France
XI – Election, Representation, and Democracy: Debates Surrounding the Organization of the Grand Orient de France (1773-1789)
XII – Theophilanthropy: A (Masonic) Plan for a Religion without myths and legends
Lucien Graux : « prince des bibliophiles » et franc-maçon
Lucien Graux est maintenant bien oublié. On ne trouve plus guère son nom aujourd’hui qu’au détour de catalogues de vente aux enchères ou de libraires où l’on peut parfois lire la mention « ancienne collection Lucien Graux ». Celle-ci est restée un indéniable label de qualité. Lucien Graux a été l’un des plus grands collectionneurs de l’Entre-deux-guerres. Le plus grand peut-être à cette époque qui est un des âges d’or de la bibliophilie. On l’a souvent présenté comme « le prince de bibliophiles ». C’est par exemple lui qui, après avoir pu en faire l’acquisition, a offert à l’État le testament de Louis XIV, document essentiel de l’histoire de France mais qui, curieusement, était alors en mains privées. Entre 1953 et 1957, il n’a pas fallu moins de neuf ventes à Drouot pour disperser sa bibliothèque. Les catalogues de ces neuf ventes demeurent des ouvrages de référence pour tous les bibliophiles.
Lucien Graux est né dans une famille aisée le 4 avril 1878. Son père était un médecin réputé exerçant pendant la « saison » à Contrexéville. Il suit ses traces et fait sa médecine. Tempérament hyperactif, à peine sorti de la faculté de médecine, Lucien Graux devient éditeur de La Gazette médicale et dépose un brevet pour un médicament luttant contre l’acide urique : l’Urodonal. L’Urodonal va transformer le jeune médecin en homme riche. Outre ses qualités propres, l’Urodonal va rencontrer un grand succès en raison de ses célèbres campagnes de publicité. Esprit curieux et inventif, homme avisé, Lucien Graux va s’intéresser aux premières techniques de communication de masse et apparaît comme l’inventeur de la communication médical moderne. Après la guerre de 14, il élargira ses activités en lançant une maison de parfums qui connaîtra aussi la réussite : Arys. Avant même la quarantaine, le docteur Lucien Graux est donc à la tête d’une fortune qui lui donne des loisirs et des moyens pour se livrer à ses goûts pour la collection. En une vingtaine d’années, il rassembla, dans son hôtel particulier du 33 avenue Kleber, l’une des plus grandes et plus belles collections privées de manuscrits et de livres.
Jeune étudiant en médecine aux idées avancées, il est initié au sein de la Loge L’Enseignement Mutuel du Grand Orient de France le 12 avril 1899, compagnon et maître, deux mois plus tard, le 29 juin 1899, il est Rose-Croix en juillet 1902 et Chevalier Kadosh (Chapitre et Conseil L’Avenir) en octobre 1903. Même pour une époque, peu portée sur le symbolisme, où les passages de grades se faisaient rapidement, c’est un parcours express ! En 1901, il est l’un des fondateurs de la Loge – bien nommée – Les Étudiants qui veut rassembler la jeunesse républicaine du quartier latin. Sa vie maçonnique active semble s’être surtout déroulée avant la guerre de 14 et il paraît avoir été moins présent en Loge à partir des années 1920. Néanmoins il tient à son affiliation maçonnique puisque, porté démissionnaire en 1935 à la suite d’un problème administratif, il entreprend des démarches pour obtenir sa réintégration – qui ne pose aucun problème – et est rapidement réinscrit sur le tableau de la Loge. Il sera d’ailleurs stigmatisé comme franc-maçon par la presse collaborationniste (Le Matin du 9 août 1941 ). Lucien Graux, qui a donc 62 ans en 1940, ne supporte pas l’effondrement de la France et le régime de Vichy, et s’engage dans la Résistance.
Arrêté par les Allemands à son domicile le 10 juin 1944 à l’aube, déporté, le Frère Lucien Graux est mort au camp de Dachau le 10 octobre de la même année.
Un magnifique « super ex-libris » maçonnique

Un peu au hasard d’une recherche, malheureusement infructueuse, nous sommes tombé sur ce très beau « fer » à motif maçonnique. Il ornait les plats des règlements de la loge « Le Parfait Silence » de Lyon. On peut en effet deviner – d’autant plus facilement qu’on l’apprend par le contenu du volume ! – que les lettres anglaises enlacées dans le cartouche représentent les initiales LDPS qu’il faut donc lire « Loge Du Parfait Silence ». Mais il faut bien avouer que sans l’aide du contenu, il aurait été périlleux d’interpréter cet entrelacs. L’entrelacs de lettres anglaises paraît avoir été à la mode dans les sceaux des loges de 1770 à l’Empire. L’observateur contemporain peut regretter qu’il ait souvent remplacé une composition symbolique plus riche de sens à nos yeux… mais il faut avouer que la forme et l’agencement des lettres sont souvent si compliqués que cela leur donne un côté ésotérique ! Un esprit rêveur – nervalien ? – pourrait y voir une esthétique qui rappelle la calligraphie et la « science des lettres » orientales…
La copie des règlements qu’abrite cette belle reliure est datée « de l’Ere Vulgaire, le trois avril 1803, de la Rép. Française, le 13 germinal, an 11 », mais le fer lui même paraît plutôt de la fin du XVIIIe siècle. C’est l’occasion de rappelé la définition que nous emprunterons à Christian Galantaris « Super ex libris. Ex-libris, généralement doré frappé sur un plat de reliure : armoiries, nom, devises, emblème, etc. Mot à employer de préférence à supra libros » (Manuel de bibliophilie, T.2, p. 238)
Pour aller plus loin : Voir le chapitre 23 de mon livre Curiosités Maçonniques : Les ex-libris maçonniques : « blasons de l’esprit » et marques des Frères
Pourquoi un Rite en 33 grades ?
En maintenant plus de deux siècles, le Rite Écossais Ancien et Accepté s’est profondément enraciné dans le paysage maçonnique mondial. Il en constitue même l’un des principaux repères. De l’Amérique du Sud à l’Europe du Nord et de la Turquie au Canada, chaque Maçon sait ce qu’est un « 33e ». Pourtant le Rite Écossais Ancien et Accepté et son impressionnante échelle en 33 grades sont aussi le produit d’une histoire. On sait que les 33 degrés ont été obtenus en ajoutant quelques grades aux 25 de l’ancien « Ordre du Royal Secret » d’Étienne Morin, que nous appelons aujourd’hui le « Rite de Perfection ». Quelle est l’origine de cette première échelle de 25 degrés ? Pourquoi y a-t-on ajouté des grades et pourquoi 33 ? D’où viennent ces grades ajoutés et comment s’est mise en place cette nouvelle échelle en 33 degrés qui est maintenant un élément classique et structurant de la franc-maçonnerie un peu partout dans le monde.
I. Au commencement était le « Rite de Perfection » en 25 grades ?
II. 1801 et l’apparition du « Rite en 33 grades »
III. Pourquoi passer de 25 à 33 grades ?
IV. Une échelle de 33 degrés qui mettra des années à se fixer
Retrouvez les éléments que j’avance dans « Pourquoi un Rite en 33 grades ? » dans l’une des dernières publications du Grand Collège des Rites Écossais :